"Pourquoi on se bat" le film ode à l'engagement
À partir du 05/04/2023
« On sait, mais on n’agit pas, pourquoi ? » Voilà la question que pose le film de Camille Étienne et Solal Moisan. Avec ses deux amis, Solal, réalisateur, et Jade Vergnes, danseuse, la jeune activiste Camille nous propose un voyage pour y répondre et nous expliquer « pourquoi on se bat ». Et surtout, pour nous inviter à les rejoindre dans le combat du siècle pour le climat.
Par Gaïa Mugler
Donner envie d'agir
Ni documentaire ni film d’aventures, Pourquoi on se bat est un peu des deux. Les personnages grandissent de l’odyssée qu’ils entreprennent. On y suit le recul de glaciers aux côtés de chercheurs. On y tremble devant l’écho qui se joue entre la poésie des mouvements de Jade (photo ci-contre) et la grâce des cerfs. On s’étouffe de colère devant les ruines de Liège (Belgique) ravagée par les eaux. On sourit aux vannes que s’envoient les trois protagonistes, on s’indigne devant les catastrophes, on s’émeut sous les assauts de beauté que le film assène, on passe du rire aux larmes et, surtout, on finit par avoir envie d’agir. Forcément. Car c’est l’objectif de Pourquoi on se bat.
« Nous voulions désacraliser l’engagement », nous dit Camille Étienne. Et Solal Moisan d’illustrer : « Jade se sentait illégitime, et je suis impressionné par les “sachants”. On les a donc filmés du dessus, pour montrer leur intimité. » Dans un même mouvement de caméra, l’immensité écrasante d’espaces sauvages expose leur fragilité.
Jade Vergnes, danseuse et protagoniste du film "Pourquoi on se bat"
Entrer en résistance
Camille Etienne et Solal Moisan
La crise climatique est là. « Pourquoi on sait et on n’agit pas ? », demandent les jeunes gens tout en affrontant leurs propres contradictions. Parce qu’on ne sait pas autant qu’on le pense. C’est ce qu’ils apprennent auprès de scientifiques en se rendant en Islande au chevet de Vatnajökull, le plus grand glacier d’Europe, qui subit une fonte dramatique. « On a beau être nous-mêmes engagés, se retrouver face à 300 m de recul, ça fout une claque », avouent en chœur Camille et Solal. L’autre biais, c’est que « ça n’arrive qu’aux autres » et que « la crise climatique est intangible ». Pourtant, elle n’aura lieu ni « demain » ni dans un hypothétique « ailleurs ». « C’est aujourd’hui, et cela peut toucher tout le monde », insiste Camille.
Cette crise a des raisons et des coupables. Pourquoi on se bat les désigne sans concession. Et propose des pistes d’action. Résistance dans les corps qui se libèrent, dans les mots ouatés par la neige et qu’on murmure à l’affût de la beauté, caché derrière un sapin. Car c’est aussi une crise de la sensibilité que le film dénonce. Le souffle coupé par l’immensité de la mer et des glaciers, on sent soudain un bruit sourd dans la poitrine. C’est le cœur qui bat au rythme des pas de Jade quand elle improvise une chorégraphie, comme possédée par la vie qui se débat.
« Nous sommes le vivant qui se défend », déclarent les trois amis. Ce n’est pas le vivant qui se fait avocat, chevalier blanc, qui représente, de l’extérieur, un monde naturel. Il s’agit de se rappeler que « nous sommes, réellement, le vivant. Nous en faisons partie, nous sommes en danger. C’est le vivant en nous qui est attaqué. C’est pour nous-mêmes que nous nous battons ». En ce sens, le silence des gravats dans lesquels gît une ville et celui de la neige qui accueille la parade des gypaètes nous invitent à l’humilité. « À se faire pour une fois invisibles », dit Solal.
Transmettre l'envie d'agir
Alternant caméra à l’épaule et prises de vues du ciel par un drone, l’image se floute d’un zoom ou d’une larme, tressaute sous un hoquet de rire ou de surprise. « On voulait être le plus “vrai” possible tout en gardant une esthétique cinéma », poursuit Solal. Dès les premières minutes, le ton est donné : le film se construira avec le spectateur.
« On vous embarque avec nous ! », prévient le jeune réalisateur.
Dalila Habbas, déléguée générale du Fonds de dotation Biocoop
« Il est nécessaire d’éveiller les consciences à l’urgence climatique pour donner envie au plus grand nombre de s’engager pour l’environnement et la biodiversité. C’est un combat partagé par Biocoop. En avril, nos magasins attirent l’attention sur la biodiversité et mettent en avant des solutions pour la sauvegarder. Certains films peuvent changer le monde. Pourquoi on se bat en fait partie. Raison pour laquelle nous le soutenons. Cette odyssée contre la fatalité nous invite à reconsidérer nos certitudes les plus ancrées, pour célébrer le vivant et s’émerveiller encore ! »
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